Les risques des benzodiazépines chez les aînés

par Marianne Cornu, collaboratrice pour Proche en tout temps

L’utilisation de benzodiazépines peut être dangereuse chez les aînés et pourtant, ils figurent parmi les plus grands consommateurs. Selon des données de l’Institut canadien d’information sur la santé (2016), 11,1 % des 65 à 74 ans, 14,4% des 75 à 84 ans et 16,9% des 85 ans et plus en font l’usage.
L’utilisation de benzodiazépines peut être dangereuse chez les aînés et pourtant, ils figurent parmi les plus grands consommateurs. Selon des données de l’Institut canadien d’information sur la santé (2016), 11,1 % des 65 à 74 ans, 14,4% des 75 à 84 ans et 16,9% des 85 ans et plus en font l’usage.

Les benzodiazépines sont des médicaments de la classe des anxiolytiques, c’est-à-dire des médicaments qui sont utilisés pour le traitement de l’anxiété. Ils sont aussi souvent prescrits pour l’insomnie. Ils diminuent l’excitabilité du système nerveux central, apaisant les sensations de tension, de panique, d’irritabilité, d’hyper vigilance, etc. De manière simplifiée, on peut dire qu’ils ralentissent l’activité du cerveau, entraînant un état plus calme, voire somnolent. Ils agissent aussi comme relaxants musculaires.

SURDOSAGE INVOLONTAIRE

La sensibilité à ce type de médicament augmente avec l’âge : les benzodiazépines peuvent avoir des effets plus prononcés et plus longs. Par exemple, des modifications du cerveau chez les aînés font que le temps nécessaire pour que la concentration du médicament diminue dans l’organisme augmente avec le vieillissement, exposant les utilisateurs à des risques d’accumulation et de surdosage involontaire.

Les effets secondaires sont donc logiquement amplifiés, pouvant entraîner de la confusion, des pertes cognitives, des pertes de mémoire, des troubles de coordination (et donc un risque de chutes), de la somnolence (augmentant par exemple le risque d’accidents de la route), etc. On a aussi relevé des risques de complications pour les personnes souffrant de bronchite chronique ou d’emphysème. Ce médicament provoque en outre une dépendance et son utilisation doit être surveillée.

UN PROBLÈME SOCIAL?

Selon Guilhème Pérodeau, gérontologue, l’utilisation problématique de ces médicaments chez les aînés pourrait révéler une société impuissante à leur venir en aide. Prescrit-on trop de ces molécules, particulièrement chez les aînés? Tout porte à le croire. Plusieurs spécialistes les considèrent même comme étant inappropriés chez cette tranche de la population.

On peut se demander quels symptômes ont emmené la personne à prendre ces médicaments et à continuer de les prendre à long terme. Est-ce que ces symptômes ont été traités parallèlement à la prise de médicaments? Est-ce qu’une thérapie a été faite ou envisagée? Ce sont des questions que l’on devrait se poser, en tant que professionnel, mais aussi en tant que membre de l’entourage.

Les Lignes directrices canadiennes sur le trouble lié à l’utilisation des agonistes des récepteurs des benzodiazépines chez les personnes âgées (2019), de la Coalition canadienne pour la santé mentale des personnes âgées, formulent 23 recommandations liées à l’utilisation de ces médicaments chez les aînés. La première stipule d’éviter la prise pour plus de 4 semaines à cause des conséquences nommées plus haut et du risque de dépendance. La recommandation numéro dix s’adresse en partie aux membres de l’entourage : « Les professionnels de la santé ainsi que les personnes âgées et leur famille doivent faire la promotion d’un accès adéquat à des options non pharmacologiques pour la prise en charge de l’insomnie, des troubles anxieux (…) ».

Il faut toutefois faire attention et garder en tête que dans certains cas, ces médicaments peuvent être bénéfiques. Il n’y a pas de mode d’emploi précis s’appliquant également à tous les êtres humains… L’important pour l’entourage est de surveiller les effets secondaires, de noter ses observations pour éventuellement les communiquer au médecin, d’emmener la personne à parler de ce qu’elle ressent et au besoin de lui proposer de travailler les symptômes anxieux, de dépendance ou autres par le biais d’une thérapie.

Cliquez ici pour lire l’article sur le site de La Gazette de la Mauricie

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