Le trouble de personnalité limite chez les aînés

par Marianne Cornu, collaboratrice pour Proche en tout temps

arbre-neuronal-300x256Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (5e édition), le trouble de personnalité limite est caractérisé par une impulsivité marquée et une instabilité des relations interpersonnelles, de l’image de soi et des affects. Parmi les symptômes fréquemment évoqués se retrouvent un sentiment de vide intérieur, des efforts effrénés pour éviter les abandons réels ou imaginaires ainsi que des idées suicidaires. Les personnes concernées peuvent avoir la croyance (inconsciente et invalidante) que personne n’est assez fort pour les aider.

La théorie de l’attachement fait partie des hypothèses pour expliquer le développement de ce trouble. Le psychiatre John Bowlby décrit l’attachement comme un système de comportements activé lorsque l’enfant se sent en danger parce que son objet d’attachement (le parent) s’éloigne. La réaction de l’enfant a pour but de faire revenir la figure d’attachement. Lorsque l’enfant redevient sécurisé, le système d’attachement cesse d’être activé et l’enfant peut explorer son environnement. Les personnes ayant un trouble de personnalité limite, selon cette hypothèse, auraient développé, enfants, un attachement insécure désorganisé.

LES SPÉCIFICITÉS CHEZ LES AÎNÉS

Avec le temps, on note souvent une amélioration du fonctionnement chez les personnes vivant avec un trouble de personnalité limite. Toutefois, en vieillissant, elles peuvent devenir plus vulnérables aux pertes, qui peuvent entraîner des décompensations (rupture de l’équilibre psychique), pouvant s’observer par une opposition importante aux tentatives d’aide, des troubles de l’humeur, une peur accrue de l’abandon induisant des comportement agressifs ou autodestructeurs (pour tenter d’éviter ces abandons), etc.

La prise en charge de ce trouble chez les personnes aînées demeure complexe. Plusieurs n’ont jamais reçu de diagnostic. Il était plus rare auparavant de consulter pour des questions de santé mentale lorsqu’on était fonctionnel au quotidien. On mettait cela sur le compte d’une personnalité forte, par exemple.

QUE PEUT FAIRE L’ENTOURAGE POUR ACCOMPAGNER UN PROCHE AÎNÉ AYANT UN TROUBLE DE PERSONNALITÉ LIMITE?

La personne concernée ne cherche pas à être désagréable et ne vit pas des hauts et des bas intenses pour le plaisir. Elle souffre. L’entourage pourra la soutenir en validant ses émotions. Il peut être bien de suggérer certaines solutions, sans les imposer ni se fâcher si elles sont réfutées: c’est à la personne concernée de faire ses propres choix (et d’en assumer les conséquences). L’entourage gagnera à établir ses limites, à les exprimer clairement et surtout à les respecter. Si on croit que la personne est en danger pour elle-même, pour autrui ou encore si on soupçonne une inaptitude, on pourra contacter le CLSC ou même le 911 pour obtenir de l’aide.

LA PSYCHOTHÉRAPIE, EFFICACE CHEZ LES PERSONNES AÎNÉES?

Contrairement aux idées reçues, les aînés répondent bien à la psychothérapie. La thérapie dialectique comportementale ainsi que la thérapie des schémas ont été développées pour les personnes ayant un trouble de personnalité limite. Toutefois, il n’y a pas, à notre connaissance, de travaux indiquant leur efficacité chez les aînés aux prises uniquement avec ce trouble.

Plusieurs thérapies impliquent un processus assez long qui se fait généralement au privé. Tout le monde n’a pas les moyens. Des services sont aussi offerts dans les CLSC. La personne concernée, une fois au fait des possibilités, pourra choisir ce qui lui convient le mieux, si elle choisit de consulter.

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