Être à bout de souffle et l’assumer

Par Marianne Cornu, collaboratrice pour Proche en tout temps.

La détresse chez les membres de l’entourage de personnes ayant un problème de santé mentale est trois fois plus élevée que dans la population en général.
La détresse chez les membres de l’entourage de personnes ayant un problème de santé mentale est trois fois plus élevée que dans la population en général.

Accompagner une personne aînée vivant avec un problème de santé mentale, c’est souvent une source de stress. Ce n’est pas la personne elle-même qui est source de stress : c’est la situation et tout ce qu’elle implique. Qu’on aime la personne, qu’on veuille son bonheur, qu’on soit prêt à lui consacrer beaucoup de temps n’y change pas grand-chose : l’inquiétude est là et parfois, avec la fatigue et le stress, notre tolérance diminue. Il est fréquent de développer du ressentiment, d’éprouver de la colère envers notre proche, malgré toute la bonne volonté dont on fait preuve.

UNE DÉTRESSE TROIS FOIS PLUS ÉLEVÉE

Il est scientifiquement démontré que la détresse chez les membres de l’entourage de personnes ayant un problème de santé mentale est trois fois plus élevée que dans la population en général. Avec l’actuelle pandémie, le risque d’épuisement est amplifié. La professeure-chercheuse Mélissa Généreux, de la Faculté de médecine et des sciences de la santé à l’Université de Sherbrooke, souligne que « ce que l’on constate aujourd’hui, c’est que les niveaux de dépression et d’anxiété au Québec sont actuellement considérablement plus élevés que ce qui était observé en prépandémie ».

La personne atteinte d’un problème de santé mentale est aussi plus à risque de voir ses symptômes aggravés par la pandémie. Par exemple, chez les personnes vivant avec la schizophrénie, le confinement et les mesures de distanciation peuvent favoriser la perception d’une hostilité chez l’autre, ou l’impression d’être persécuté.

N’est-il pas normal, considérant tout cela, de se sentir à bout de souffle, épuisé, en tant que membre de l’entourage, en tant qu’aidant, mais aussi comme qu’individu?

L’ÉPUISEMENT PAR COMPASSION

Madeleine Fortier, auteure du livre Usure de compassion, définit ce concept comme étant une volonté de prendre sur soi la souffrance de l’autre, une sympathie, une identification qui peut se produire lorsqu’on est très engagé dans notre rôle d’aidant.

Qu’on aide par choix ou qu’on se sente obligé de le faire, on se dit souvent qu’on est capable, qu’on est fatigué certes, mais qu’on peut y arriver, qu’on est fait fort, qu’on n’a pas à se plaindre. On peut aussi se sentir valorisé par le fait de soutenir notre proche ou encore avoir peur de se faire juger si on met certaines limites.

Il se peut toutefois que dans notre rôle d’aidant, dans notre vie, on arrive à un point où l’épuisement est bien réel, dépasse de loin la fatigue passagère. Lorsque depuis longtemps on assume trop de tâches, que le vase est sur le point de déborder ou même déborde déjà, reconnaître qu’on est à bout de souffle peut faire le plus grand bien. Reconnaître, c’est un pas vers l’acceptation, vers le fait de se dire « Je n’en peux plus, et c’est correct ». On a le droit d’être fatigué, d’être épuisé.

On a le droit de se donner un temps pour écouter nos pensées, pour ressentir nos émotions. D’apprendre à ralentir. D’accepter qu’il soit grand temps de se reposer.

Cliquez ici pour lire l’article sur le site de La Gazette de la Mauricie

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